association semaine1
On vous a un peu delaisse cette semaine pour se donner a fond dans l'association. Nous revenons apres une semaine avec un bilan qui reste quand meme assez alarmant pour ma part, Matthieu sera bien sur moins categorique que moi sur certains points. Je vous donne un apercu sans photo pour l'instant. Elles viendront les photos, j'attend un peu qu'on s'apprivoise mutuellement.
J'apprend les prenoms petit a petit:
Il ya Pallawi, qui fait un peu peur, parce qu'elle n'est pas tres jolie et ne parle pas tres bien, mais qui est tres expressive avec les gestes et son regard. On discute bien, je lui parle en francais, elle en kanada et en geste. Elle dit a tout le monde "dumi" qui veut dire "gros" et elle emmerde tout le monde en eclatant de rire de ses betises.
ll ya Guerija, qui ne parle plus, mais sert la main, elle est tres docile, mais vendredi et samedi, elle etait en colere, je crois qu'elle est sourde ou muette. Son histoire, elle etait prostituee et rabatteuse dans les bars.
Il ya Nandini, qui rale tout le temps, mais veut bien faire du bricolage et des activites avec nous.
Je ne sais pas trop quels ages elles ont, peut-etre 20 ans.
Dans la categorie des tout petits, il y a Pushpalata, 3 ans, qui manque d'amour, de calin, d'histoire avant de s'endormir, de temps privilegie avec une maman. Elle est a l'association avec sa grande soeur, qui a 6 ans.
Et puis dans les garcons, Apou, Danish, Manikounta, Bimbran, les terreurs (qui ne sont pas a la boy's place, on ne sait pas pourquoi?).
Bref, 55 personnes aux histoires sordides qui sont accueillies. Mais, nous sommes au courant de quasiment rien (histoires, depuis combien de temps elles sont la?...)
Bobita, ce matin, se preparait a se marier. Ce n'etait pas un jour heureux, elle se mariait avec son violeur. Repudiee a priori par sa famille, elle preferait se marier plutot que de rester seule toute sa vie. Elle pleurait en se faisant faire des tresses.
Et puis chez les voisins, a cote de l'association, une femme mariee, enceinte de trois mois s'est pendue au ventilo la semaine derniere.
Bref, quand je vous dis histoires sordides...
Mais, quand on va a l'association, on n'est pas dans la pitie, ils sont en securite et sorti de ce cauchemar.
La semaine derniere, nous avons discute chacun de notre cote du fait qu'on etait marie, quelle surprise pour les grandes qui croyaient qu'on etait frere et soeur! Et la question, est-ce que c'est un mariage arrange? (au contraire d'un mariage d'amour), alors le mariage d'amour, quelle chance! Comment ca se passe, etc...
Nos journees sont remplis de discussions, d'atelier "artistique", de jeux de ballon, de jeux tout court, et d'interrogations.
Et puis, il y a aussi le "staff". Quoi dire...Des femmes qui restent la journee a l'ombre (elles tournent en meme temps que le soleil, on a remarque ca aujourd'hui), qui laissent les grandes s'occuper des plus petites (elles sont habillees en guenilles, ne se lavent pas tous les jours, ont des poux a te faire tourner de l'oeil), et les deux "house mother" mettent bien sur des batons dans les roues aux volontaires. Apres, il y a aussi des choses qui disparaissent bizarrement qui sont sous leurs responsabilites (ordi, cadeaux de donateur,..).
A l'association, il n'y a pas de soutien psychologique ("tes parents te mettent sur le trottoir depuis que t'as dix ans, joues au puissance4, ca ira mieux").
Nous avons eu une petite victoire aujourd'hui. Au fond de l'association, il y a un entrepot, on va dire que c'est plutot le depotoire. Avec tous les volontaires (nous sommes 5, maintenant), nous avons commence a trier, nettoyer...et nous avons fait un debrieffe avec Parashu (un des directeurs). Nous lui avons montre la montagne de vetements, les gamelles de cuisine,....le gachis. Il a appele une des "house mother" pour lui rappeler que tout ca, c'etait de l'argent. Alors, cette semaine on continue a trier et nettoyer avec ordre de ne rien jeter. On va faire ca sans argent juste avec nos mains et notre bonne volonte, mais je trouve que c'est la honte pour eux de ne pas prendre soin des dons qui leurs sont faits.